mercredi 3 septembre 2008

Jour 2 : départ de Bayonne et arrivée à St-Jacques

Direction Vigo, donc, non pas pour me réconcilier avec cette ville infâme, mais pour attraper un bus qui m'amènera à Santiago. Passage obligé en Galice. C'est comme manger un petit Lu sans commencer par les coins, c'est impensable.

Le bus quittant Bayonna était à 18H, à 19H10 je suis à Vigo, à 19H30 je suis de nouveau sur la route, dans un autre bus. Le réseau de bus est fabuleux je vous dis. Bien sûr, comme tout bon voyageur qui se respecte je n'ai aucune idée de la durée du trajet et donc à quelle heure je vais arriver à la capitale. Mais qu'importe, je n'ai plus besoin d'office de tourismes fermés, je n'ai plus besoin de chambre, c'est là que je commençais à sentir toute la puissance du vagabondage. C'est absolument jouissif.

Finalement, nous sommes arrivés à 21H. C'était le bus le plus rempli que j'ai pris jusqu'à présent et aussi celui avec la population la plus diversifiée. De l'handicapé moteur à la personne pieuse en passant par un clochard (moi) en passant par un touriste standard voulant voir la Cathédrale... Sympa donc. Vu que je n'avais pas l'air frais (2 jours sans douches, sans trop vraiment changer de vêtements, héhé) mais clairement l'air cool (je vous laisse réfléchir sur le sens de cette phrase), une femme assise à côté de moi me demande si je suis un pèlerin. Et oui, les pèlerins ce n'est pas ce qu'il manque dans le coin. Différents chemins de Saint-Jacques sont possibles et je suis persuadé qu'ils sont tous magnifiques ; pour avoir traversé quelques villes en bus et vu la campagne, faire une randonnée itinérante dans la région doit être très très agréable en été (sinon il faut apporter le ciré).

camino_de_santiago

Saint-Jacques-De-Compostelle : capitale de la Galice, classé patrimoine de l'humanité par l'UNESCO en 1985, une des destinations de pèlerinage les plus importantes du Christianisme, après Jérusalem et Rome. 93 000 habitants, les villes sont caractérisées par leurs paroisses. En Galice, c'est très important, La Guardia en a 3, là où Santiago en compte 29, ce qui est gigantesque.


Notre moment préféré maintenant : un peu d'Histoire.

Première question évidente à se poser:

"Pourquoi est-ce que les gens vont en pèlerinage là-bas alors qu’il n’y même pas de plage ?".

La légende dit que le corps de Saint Jacques est enterré là-bas. Les historiens ne sont pas d’accord, manque de preuve. J’ai cherché vite fait aussi, et je n’ai rien trouvé, en effet. En revanche, sur ce blog, on va admettre que c’est vrai, c’est nettement plus sympa.

"Qui est donc ce Saint Jacques ?"

Saint Jacques, apôtre et grand frère de Jean (apôtre aussi, on sent le piston d’ici), a bourlingué méchamment du Proche-Orient à la péninsule Ibérique pour prêcher la bonne parole. Comme tout bon fidèle qui se respecte, son activité ne consistait pas qu’à se promener pour convertir un maximum de monde, il était aussi très occupé à buter du Maure à tire larigot. La péninsule Ibérique étant moyennement calme à l’époque, Jack s’est rapidement vu attribuer un nom de scène : « Santiago Matamores », en français « Saint Jacques le tueur de Maures ». Son célèbre cri de guerre était « Mort au Maures !» et c'est d’ailleurs de là que vient l'insulte "tête de Maure", déformée avec le temps en "tête de mort" qui ne veut plus rien dire. On a donc affaire à un homme naturellement ouvert aux autres et prêt à partager. Après son séjour dans la péninsule, il décide de rentrer au bercail, Jérusalem, où il est directement décapité. Plutôt rude, donc, comme retour. Ses compagnons décident alors de rapporter son corps (et sa tête) à Saint-Jacques-de-Compostelle. « Ça tombe bien c’est le même nom ! », non Nicolas, la ville ne s’appelait pas comme ça à l’époque.

"D’où vient cette légende ?"

Vers 813, l’ermite Pelayo aurait eu une révélation par un ange qui lui aurait donc donné les coordonnées polaires de la tombe de Saint Jacques. Technique très utilisée pour lancer les légendes par le passé. Quoiqu’il en soit, un évêque ira vérifier tout ça et y mènera des fidèles. Début des pèlerinages. Le nom de la tombe supposée de notre casseur de Maures devient "Campus stellarum", "sépulture" en Galicien. Si on dit "Campus stellarum" mal et très vite 15 fois, essayez, ca donne "Compostelle".

"D’où vient la tenue classique du jacquet (le pèlerin de Compostelle), et pourquoi la coquille Saint-Jacques ?"

Bonnes questions. La tenue classique du jacquet se compose traditionnellement d’un bourdon (bâton de pèlerin), d’une besace, d’une winchester, d’une calebasse, d’un mantelet, d’un katana et d’un chapeau de feutre à larges bords orné d'une coquille Saint-Jacques. Cela vient tout simplement des peintures de Saint Jacques dans l’histoire lorsqu’il est représenté en pèlerin. Les coquilles de pectens ont pris le nom « Saint-Jacques » naturellement avec le temps et la célébrité du pèlerinage.

Maintenant qu’on est tous parfaitement calés en histoire on va pouvoir continuer.

Je sors donc de la gare quasiment vide pour effectuer la première étape de la visite d'une ville : choisir une direction vers laquelle marcher en espérant tomber sur le centre : mon étape préférée. Là j'ai eu bon, pas comme à Vigo. C'est là qu'on reconnait les villes de qualité.

Deux photographies de Santiago qui ne sont pas prises dans le centre, qui ne montrent pas de monuments, ça n'existe nulle part ailleurs sur Internet.

DSC02377

DSC02378

Premier constat : la température. Un vent assez chaud, orageux, mais très agréable après le vent du littoral. Je me permets de qualifier cette température de "divine", ça ne choquera personne à Saint-Jacques...

La visite dans un prochain billet.

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