L'université Pontificia Comillas. C'est là où j'étudie.
Elle a été fondée par les Jésuites et le Pape Léon 13 en 1890 à Comillas, en Cantabrie (centre-nord). A l’origine c’était un séminaire catholique. En 1968, le déménagement total de l’université à Madrid est décidé ainsi que l’ouverture des inscriptions aux laïques. Business is business. En arrivant à Madrid, l’université a fusionné avec deux autres instituts jésuites : ICADE (fondé en 1956) et ICAI (1908), respectivement une des meilleures écoles d’Eco-Droit et une école d’ingénieur de renommée nationale.
L’université est divisée en 2 campus, un dans le centre, composé d’ICAI, ICADE, la faculté de traduction et celle de théologie ainsi que ce qu’il faut pour occuper les doctorants et masters.
L’autre campus est dans la campagne à 8 km de Madrid qui prend tout le reste.
Pour frimer, la fac d’éco-droit-gestion-capitalisme aime bien citer ses meilleurs poulains : Juan Arena, président de Bankinter, Carlos Espinosa de los Monteros, président de Mercedes Benz Espagne, Amparo Moraleda, présidente d’IBM Espagne, Ignacio Sanchez Galan, président d’Iberdrola, et ça continue en passant du porte-parole du PSOE (la gauche locale) aux ministres… Si après 4 mois je ne deviens pas au moins sénateur, je porte plainte.
En tout cas cette première journée a commencé sur les chapeaux de roues. Je comptait me réveiller vers 7H30 pour être d’attaque pour le test de niveau d’espagnol à 9H30. C’est ce qui était marqué dans le mail. Je me réveille vers 7H10 et je relis le mail qui m’annonçait le déroulement de la première journée, je télécharge les pièces jointes au passage. Stupéfaction la plus totale quand j’ai constaté que les pièces jointes ne disaient pas la même chose que le mail.
Le test n’est pas à 9H30 mais 8H00. Rock’n’Roll !!
A 7H25 je prenais mon shampoing, à 7H30 j’étais dans le métro.
J’arrive avec 10 bonnes minutes de retard à la fac alors qu’une prof me dit en anglais « c’est par là, suit ce groupe là ». All is alright !! Le groupe des blaireaux en retard le premier jour, en fait. On a dû attendre la deuxième session de l’examen (8H30). Pas de souci donc. Pour les curieux, le test était assez simple, normal vu mon niveau de malade en Don Quichotien. Le test était encadré par le centre de langues : deux américains qui parlaient espagnol en prononçant tout en anglais bien gras (l’ « américain », donc). Je n’ai jamais vu un prof de langue aussi mauvais dans sa deuxième langue. La grammaire était là, le vocabulaire aussi, le reste était ailleurs, vers Philadelphia probablement.
Ça ne met pas en confiance !!
En tout cas, mon premier constat alarmant n’a pas été les carreaux effet « salle de bain » le long des couloirs mais la langue officieuse de la fac : le français. Et oui. J’ai beaucoup entendu parler français dans les couloirs. Je m’adresse à une voisine pour avoir une info, j’utilise l’anglais pour afficher mon côté international tout en sortant mon badge de police dans un ample mouvement de veste et la demoiselle me répond en tout simplicité « pardon ? ». Pas « como ? » ou « que ? » ou autre chose d’espagnol mais bien « pardon ? ». Les gens ne font même pas l’effort de passer par l’espagnol, ils passent directement en français.
J’ai commencé à me poser des questions à ce moment là.
J’ai eu ma réponse lors de la réunion d’accueil de tous les étrangers, une salle énorme avec environ 200 étrangers, le directeur demande à ce que les étudiants lèvent la main par nationalité. Quand il a annoncé « Francia », j’ai compris ce qui se passait. Il y a une horde, que dis-je, une armée, une université dans l’université, un état dans l’université… de français. C’est déprimant.
En deuxième position arrivent les Italiens suivis de près par les Belges ! Les flamands en plus ! Une bonne partie d’entre eux parlant aussi un français tout à fait correct…
Le coup de grâce m’a été donné quand je suis allé à la réunion des étudiants en traduction. Jackpot : un bon 50% de la classe doit être français. Peut-être un peu moins, mais disons que si je ne sais pas m’exprimer en espagnol, je peux le faire en français, ça ne dérangera pas grand monde ! Relativisons : je n’aurais pas cours avec « cette » classe là, on va choisir nos cours personnellement et ça devrait aller, mais la proportion de français est dingue.
Pour le reste, c’est plutôt cool, les administratifs qui nous ont accueilli sont très sympas et chaleureux. On a commencé la réunion traduction en retard, la phrase d’intro de l’administratif a été : « en Espagne, il n’y a que deux choses qui commencent à l’heure : la messe et les taureaux ». Ça met dans le bain. Ça a continué en déconnade régulièrement alimentée par des phrases du genre "on vous conseille de ne pas dépasser 27 crédits universitaires, ce qui représente 18H de cours/semaine environ. Ça parait peu, mais vous savez bien qu'en traduction, c'est 18H en classe, et 30H à la maison", rire général, "et puis c'est vrai que vous êtes à Madrid, il faut faire la fête et bien d'autres choses, ça peut prendre du temps". Les choses sont claires. On est en Espagne.
Au niveau religion, il y a une église DANS le bâtiment principal de l’université avec un prêtre en chef qui a une place importante dans la hiérarchie de l’université bien entendu, et un crucifix assez discret dans toutes les salles de cours, je m'attendais à bien pire.
Photos.
vous voyez derrières les arbres ? non ? bah c'est là !
(photo de Ginger nut design)
Dedans :
Dans un autre bâtiment, celui où je vais passer 18H/semaine.
C'est propre, tranquille. Bref, ça le fait comme ont dit...