mercredi 24 septembre 2008

Université Pontificia Comillas

L'université Pontificia Comillas. C'est là où j'étudie.

Elle a été fondée par les Jésuites et le Pape Léon 13 en 1890 à Comillas, en Cantabrie (centre-nord). A l’origine c’était un séminaire catholique. En 1968, le déménagement total de l’université à Madrid est décidé ainsi que l’ouverture des inscriptions aux laïques. Business is business. En arrivant à Madrid, l’université a fusionné avec deux autres instituts jésuites : ICADE (fondé en 1956) et ICAI (1908), respectivement une des meilleures écoles d’Eco-Droit et une école d’ingénieur de renommée nationale.

L’université est divisée en 2 campus, un dans le centre, composé d’ICAI, ICADE, la faculté de traduction et celle de théologie ainsi que ce qu’il faut pour occuper les doctorants et masters.
L’autre campus est dans la campagne à 8 km de Madrid qui prend tout le reste.

Pour frimer, la fac d’éco-droit-gestion-capitalisme aime bien citer ses meilleurs poulains : Juan Arena, président de Bankinter, Carlos Espinosa de los Monteros, président de Mercedes Benz Espagne, Amparo Moraleda, présidente d’IBM Espagne, Ignacio Sanchez Galan, président d’Iberdrola, et ça continue en passant du porte-parole du PSOE (la gauche locale) aux ministres… Si après 4 mois je ne deviens pas au moins sénateur, je porte plainte.

En tout cas cette première journée a commencé sur les chapeaux de roues. Je comptait me réveiller vers 7H30 pour être d’attaque pour le test de niveau d’espagnol à 9H30. C’est ce qui était marqué dans le mail. Je me réveille vers 7H10 et je relis le mail qui m’annonçait le déroulement de la première journée, je télécharge les pièces jointes au passage. Stupéfaction la plus totale quand j’ai constaté que les pièces jointes ne disaient pas la même chose que le mail.
Le test n’est pas à 9H30 mais 8H00. Rock’n’Roll !!

A 7H25 je prenais mon shampoing, à 7H30 j’étais dans le métro.

J’arrive avec 10 bonnes minutes de retard à la fac alors qu’une prof me dit en anglais « c’est par là, suit ce groupe là ». All is alright !! Le groupe des blaireaux en retard le premier jour, en fait. On a dû attendre la deuxième session de l’examen (8H30). Pas de souci donc. Pour les curieux, le test était assez simple, normal vu mon niveau de malade en Don Quichotien. Le test était encadré par le centre de langues : deux américains qui parlaient espagnol en prononçant tout en anglais bien gras (l’ « américain », donc). Je n’ai jamais vu un prof de langue aussi mauvais dans sa deuxième langue. La grammaire était là, le vocabulaire aussi, le reste était ailleurs, vers Philadelphia probablement.
Ça ne met pas en confiance !!

En tout cas, mon premier constat alarmant n’a pas été les carreaux effet « salle de bain » le long des couloirs mais la langue officieuse de la fac : le français. Et oui. J’ai beaucoup entendu parler français dans les couloirs. Je m’adresse à une voisine pour avoir une info, j’utilise l’anglais pour afficher mon côté international tout en sortant mon badge de police dans un ample mouvement de veste et la demoiselle me répond en tout simplicité « pardon ? ». Pas « como ? » ou « que ? » ou autre chose d’espagnol mais bien « pardon ? ». Les gens ne font même pas l’effort de passer par l’espagnol, ils passent directement en français.
J’ai commencé à me poser des questions à ce moment là.

J’ai eu ma réponse lors de la réunion d’accueil de tous les étrangers, une salle énorme avec environ 200 étrangers, le directeur demande à ce que les étudiants lèvent la main par nationalité. Quand il a annoncé « Francia », j’ai compris ce qui se passait. Il y a une horde, que dis-je, une armée, une université dans l’université, un état dans l’université… de français. C’est déprimant.
En deuxième position arrivent les Italiens suivis de près par les Belges ! Les flamands en plus ! Une bonne partie d’entre eux parlant aussi un français tout à fait correct…

Le coup de grâce m’a été donné quand je suis allé à la réunion des étudiants en traduction. Jackpot : un bon 50% de la classe doit être français. Peut-être un peu moins, mais disons que si je ne sais pas m’exprimer en espagnol, je peux le faire en français, ça ne dérangera pas grand monde ! Relativisons : je n’aurais pas cours avec « cette » classe là, on va choisir nos cours personnellement et ça devrait aller, mais la proportion de français est dingue.

Pour le reste, c’est plutôt cool, les administratifs qui nous ont accueilli sont très sympas et chaleureux. On a commencé la réunion traduction en retard, la phrase d’intro de l’administratif a été : « en Espagne, il n’y a que deux choses qui commencent à l’heure : la messe et les taureaux ». Ça met dans le bain. Ça a continué en déconnade régulièrement alimentée par des phrases du genre "on vous conseille de ne pas dépasser 27 crédits universitaires, ce qui représente 18H de cours/semaine environ. Ça parait peu, mais vous savez bien qu'en traduction, c'est 18H en classe, et 30H à la maison", rire général, "et puis c'est vrai que vous êtes à Madrid, il faut faire la fête et bien d'autres choses, ça peut prendre du temps". Les choses sont claires. On est en Espagne.

Au niveau religion, il y a une église DANS le bâtiment principal de l’université avec un prêtre en chef qui a une place importante dans la hiérarchie de l’université bien entendu, et un crucifix assez discret dans toutes les salles de cours, je m'attendais à bien pire.

Photos.

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vous voyez derrières les arbres ? non ? bah c'est là !

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(photo de Ginger nut design)

Dedans :

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Dans un autre bâtiment, celui où je vais passer 18H/semaine.

C'est propre, tranquille. Bref, ça le fait comme ont dit...

lundi 22 septembre 2008

Salamanque

Salamanque.

Salamanque, haaaaa Salamanque.

Une vieille ville couleur argile pourtant riche et fraiche, en aucun cas postiche pastiche. Racée et condensée, Salamanque m’a désaxé en quelques kilomètres carrés bien montés. Héritage très coté côté traduction tout autant qu’en toitures, tout est épatant, autant qualitativement que quantitativement. Paillettes papillonnantes passionnantes d’une temporalité partie pour rester…

« Mais qu’est-ce qu’il raconte ? » Et oui. La cocaïne n’est vraiment pas chère en Espagne.

Je vous le refais en prose moins allitérative. Ce sera plus facile pour tout le monde.
155 000 habitants harmonieusement étalés sur les 38,6 km² qui forment le territoire de la ville. La plus belle ville de Castille et Léon à 2H30 de Madrid, en toute logique : la visite de Salamanque devrait être inclue dans la visite de Madrid. Patrimoine de l’Humanité depuis 1988.

Comme il est important de se cultiver, je vais vous raconter l’histoire de la ville telle qu’elle s’est réellement passée. Ca vous permettra de frimer devant les copains pendant la pause en fumant votre roulée / étaler votre culture espagnole devant les collègues au moment du café de 9H30 / prouver à votre voisin qu’il ferait mieux de la fermer quand vous tondez lâchement votre jardin le dimanche soir à 22H. Bref, la culture, ca sert à plein de trucs, c’est le couteau Suisse de la pensée. La preuve avec le cas de Tolède : si les Celtes avaient été meilleurs en histoire, ils ne se seraient jamais fait exterminer par les Romains.

Tout commença il y a 4,57 milliards d’années, Jésus n’était pas encore né, Raffarin non plus, et déjà les Celtes montraient au monde (dépeuplé, plein de lave, pas de nuage, la zone quoi) qu’ils en avaient. Ils décidèrent donc de voyager pour réserver les meilleures places. On va avancer un peu dans le temps, disons qu’on s’arrête juste avant l’époque Romaine. A ce moment, la lave a séché, les nuages sont là, stockés en Bretagne, déjà, et nos Celtes ibériques construisent Salamanque. Le nom de ces Celtes est « Vaccéens », ce n’étaient pas les meilleurs puisqu’ils se font dominer par les Romains en -100 puis chasser par les Wisigoths plus tard. Quoiqu’il en soit, Hannibal [de Carthage, le Gengis Khan tunisien, en gros] attaque la ville au 3ème siècle et gagne en 2 sets. Suite à cette victoire importante, la ville commence à prendre de l’importance dans l’Empire. Les Romains reprennent ensuite Salamanque entre deux jeux d’alcool. A ce moment c’est le boom économique chez les Romains, joie : la ville est en plein sur le tracé de la route de l’argent.

Vers la fin de l’époque romaine, la ville va tomber dans les mains des Alains qui campent en Lusitanie. Par chance pour la diversité nominale, notre armée préférée : les Wisigoths, va venir leur expliquer le fonctionnement de la hache et les lois universelles de la tolérance d’un crâne face à l’acier trempé. Nous sommes vers le 4ème siècle. Il faut attendre patiemment le 8ème siècle pour qu’il y ait un nouveau combat : les Maures qui sont dans le coin (on l’a vu avec Tolède, et tout le reste) ne vont pas être très sympas et vont vraiment exterminer toutes les minorités présentes dans la ville suite aux changements de propriétaires successifs. La région est dépeuplée.

Les royaumes espagnols vont en profiter pour tenter de déstabiliser les arabes, en vain. Finalement en 939, ils finissent par buter tout le monde. Tout simplement. Viva España ! S’il n’y avait pas grand monde avant, maintenant on se croirait dans le Sahara, voire pire : dans la Creuse. Peu à peu, avec le déplacement des fronts militaires, la région se repeuple, castillans, portugais, galiciens, esquimaux, mozarabes… Tout roule, c’est le début de la construction de la cathédrale et des écoles.

Au 13ème siècle, la grande majorité des chantiers de grande envergure sont terminés, notamment l’université qui devient rapidement célèbre, c’est la plus vieille université chrétienne d’Espagne encore debout aujourd’hui et le premier établissement d’Europe à obtenir le statut d’université. L’importance de la ville attire les convoitises des nobles et seigneurs locaux.

Au 16ème siècle, tout va bien, les guéguerres des nobles sont terminées. Tout le monde est content alors une mise à jour de la cathédrale est décidée. Les ajouts seront finalisés au siècle suivant ainsi que la célèbre plaza mayor baroque.

A l’époque contemporaine, Jean de Dieu Soult arrive faire tomber Salamanque en mains françaises (1809), perdue 3 ans plus tard. Anecdote croustillante : pour défendre la ville, les Français vont démolir pas mal de bâtiments afin de récupérer de précieuses ressources nécessaires à la défense. Quel talent.

Sous Franco, le Palacio Episcopal devient la résidence et le centre de commandement du Général.

On va s’arrêter là, c’est succin, mais l’essentiel doit être là. Placer « Jean de Dieu Soult » dans une phrase à votre voisin devrait vous faire briller dans votre quartier. N’hésitez donc pas.

Pour cette visite, j'étais toujours accompagné, et nous y sommes allés le jour de la fête de la Vierge de la Vega. Le 8 septembre, cette fête marque le début des Férias de la ville. La Vierge est la patrone de la ville, elle est supposée avoir aidé à défendre Salamanque contre les attaques en 1706.

Place aux photos.

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Entre madrid et Salamanque, il y a des espèces de collines qui prennent parfois des allures de montagnes, c'est très beau, très vert.

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Après ca redevient plus proche des clichés de l'Espagne qu'on a en tête.

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Dans le fond, la cathédrale aux deux styles.

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Toutes les 2 minutes, un coup de feu, l'envolée de milliers d'oiseaux.

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"On a qu'a construire des pics" ."ok".

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Faites la fête.

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La plaza Mayor, jour de fête oblige : scène. Un disque de George Michael tournait, avant de rester sur la même note dû à une rayure. Il a fallut environ 30minutes pour qu'un technicien coupe la sono. La place entière a applaudi suite à cet acte faisant suite à une réflexion poussée.

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La plaza mayor de Madrid (17ème) (XXL)

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La plaza mayor de Salamanque. (XXL) (18ème) "Bon les gars, j'ai une idée, on va pas se faire chier..."

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La silhouette de taureau n'est pas l'emblème de l'Andalousie contrairement à ce que certains pensent. On en trouve un peu partout dans la campagne espagnole, certains sont énormes (6-7mètres de haut) et placé proche des routes. Je chercherai d'où ça vient par curiosité, ça pourra faire un billet sur ce blog.

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Au fond : l'université.

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La résidence universitaire... si, si.

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Casa de las conchas (1517).

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Le délire total. La fac' de traduction est voisine avec la cathédrale...


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Une des nombreuses églises...

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Un jour suffit pour visiter. C'est un must-see.

Dans un prochain billet : mon université. Et oui, je reprends demain. Ça va me faire drôle après 5 mois de vacances... Je sais, c'est honteux.

jeudi 18 septembre 2008

Tolède

A 50 minutes de Madrid, village de 78 000 habitants connu pour être "la ville des 3 cultures" : musulmane, juive et chrétienne et parfois aussi pour avoir été "la cité impériale" grâce à Carlos V (16ème S.) qui avait décidé de faire ses courses là-bas. La folie le vendredi soir dans le Super U du coin, je vous raconte pas.

Le nom de la ville vient de Toletum en latin, puis Toletum, Tollitum, Tollitu, Tollito, Tolleto, Tolledo et enfin Toledo. Les spécialistes de Wikipedia Espagne pensent que ça veut dire "élevée / en hauteur". Wikipedia France raconte que ça veut dire "population fortifiée". Vous choisissez. En tout cas la ville est classée patrimoine de l'Humanité par l'UNESCO depuis 1986. Rien que ça.

Un peu d'histoire ne nous fera pas de mal et nous permettra de voir pourquoi et comment les 3 grandes cultures ont cohabité.

Au départ, le coin appartenait aux Celtibères, les Celtes de la péninsule ibérique venant de la cordillère cantabrique (ma prochaine destination, ce sont les Vosges espagnoles en quelques sortes Mea culpa : je dis une connerie, ça a 1200 mètres de plus que les Vosges, au nord du pays). Ils devaient sûrement être trop occupés à danser nus dans les champs druidiques car ils se sont fait exploser par les Romains. Le coin leur plaisait alors ils ont construit Tolède. Nous sommes en 193 avant Jean-Claude. Les Romains vont en faire une ville hautement industrielle, notamment pour frapper de la monnaie, la ville du pognon est née. L’autre spécialité est la production d’épées et d’armures, la référence Européenne en la matière encore de nos jours.

On passe directement à l'ère chrétienne car les Romains ne vont rien faire d'intéressant pendant quelques siècles. En 411, nos guerriers se font agresser sauvagement par le plus gros regroupement des personnes de même nom : les Alains. Ils ont frappé fort et commencent à boire comme des Vikings pour fêter leur victoire. Pas de chance car un Jeudi soir de 418, ils se font tous tuer par les Wisigoths.
Vers 596, Léovigild, grand Roi Wisigoth, décide de faire de Tolède la capitale de son royaume car ils viennent de se faire honteusement battre à Pierre, Feuille, Ciseau par Clovis qui reprend leur capitale : Toulouse (en 507).

Le vent tourne rapidement. En 711, la politique économique et sociale des leaders Wisigoths ne marche pas super bien, la Fed est dans le rouge, déjà à cette époque là, et ils se font attaquer par les Maures. Vous aurez remarqué que ce sont toujours les mêmes qui foutent la zone, quelque soit la ville... Les Maures gagnent et décident de renommer la ville pour quelque chose de plus marrant : Tulaytula.

Le 25 mai 1085, Alfonso VI de Castille monte sur son cheval et va trancher du Maure : le nom de la ville ne lui plait pas.
Il en laisse une partie en vie visiblement, et le fait d'être gentil avec son prochain donne l'opportunité à la ville de devenir un grand centre de traduction entre le 12eme et le 13eme siècle. Vous voyez, si tout le monde reste gentil, je pourrai trouver du boulot dans 3 ans.
Après quoi, ça devient plus calme, Carlos V arrive et décide d'habiter là, puis lors de la guerre civile, en 1936, le siège de l'Alcazar rentre dans l'Histoire après que les nationalistes réussirent à résister pendant 70 jours aux républicains fâchés. Le colonel Moscardo, boss local, prononce alors un mot resté célèbre aux troupes nationalistes venues le secourir, juste pour se la péter alors qu'il a failli y passer : Sin novedad en el Alcazar (rien à signaler dans l'Alcazar), phrase alors conventionnelle dans l'armée espagnole.

Voila. On sait tout.

Pour ma visite, j'étais en compagnie d'une très chère amie donc je n'ai pas pu faire comme d'habitude : descentes en rappel, combats à l'arme blanche, infiltrations dans les parcs, et tous les autres trucs cool (désamorcer des bombes, etc.). Même si ça lui aurait plu.

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La cathédrale, pas belle, et il faut payer 7€ pour entrer !

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Non, il n'y pas qu'à Quimper qu'on dessine sur les assiettes.

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Dites-moi que c'est une De Lorean.

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La spécialité locale. Les autres étant le touron et la pâte d'amende.

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Des nuages comme dans les dessins animés.

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La ville non fortifiée (en grand ici)

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(en XXL ici)

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A partir de ce jour, le temps a commencé a se dégrader.

Prochain billet : Salamanque. Encore une ville d'intello.

vendredi 5 septembre 2008

Jour 4 : Lugo et fin

Sur la route de Lugo. Mon meilleur trajet en bus, absolument magnifique. Montagneux, pluvieux, vert et nucléaire.

Session photos de bus.

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...

No smoking.

Et là je me suis dit :

Blaster une ville en avril, volatils fossiles de civil en exil
Existe-t-il une alternative non explosive et inoffensive ?
Actionnaire du nucléaire, pierre angulaire du nécessaire,
Préfère le solaire, de bien meilleures affaires à faire.

Ou quelque chose du genre.

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Il y a une ville entière collée à la centrale, c'est vraiment inquiétant. Je n'avais jamais approché de centrale de ce type avant et ce n'est pas rassurant.

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A ce moment là par contre je me suis dit :

Nuages grisonnants approchants, c'est cuit pour cette nuit,
La tente est tentante en temps de tourmente, trop bête de faire trempette,
Les cieux soucieux sont ceux des dieux silencieux. Dors au sec, mec.

Puis soudain on est arrivé à Lugo. Pouf.

Village de 93 000 habitants, célèbre pour sa muraille romaine datant du 3ème siècle, la seule du monde à avoir été conservée intacte avec celle de Chine (d'origine romaine aussi, comme vous le savez). Elle appartient au patrimoine de l'humanité depuis l'an 2000.

La ville en elle-même n'a pas connu de guerres trop violentes comme le prouve la qualité des murailles, donc peu à dire sur le côté sanglant (donc marrant) de l'histoire de la ville. En revanche, la ville a eu la cote lors du début des pèlerinages vers Santiago. A part ça, le calme plat, la ville progresse tranquillement, puis à l'époque moderne, elle devient capitale de la province qui porte son nom.

I. Lugo depuis la terre.

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Les murailles.(j'ai un problème avec le ciel, je sais, mais pas pourquoi)

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La cathédrale de la ville. La grue n'existe pas, la grue n'existe pas, la grue...

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Un centre ancien qui ne manque pas de charme.

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L'église (en grand ici)

A cette hauteur, c'est à dire au sol, la ville est pas mal, mais lorsque qu'on monte sur les murailles, c'est marrant, c'est tout de suite moins agréable.

II. Lugo depuis les murailles

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"Bon sang mais c'est bien sûr ! La fenêtre rentre dans le toit !!"

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Quelques dizaines d'années plus tard et Shazam !Disssparitioon !

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Des allures de villes fantôme...

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Toi aussi mets des morceaux d'art dans ton jardin avec "Je jardine magazine".

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Joli. Juste joli.

Là j'ai senti que j'avais fait le tour de la vieille ville (vu les toits). De nombreux projets de rénovation étaient annoncés un peu partout, ce ne serait pas du luxe en effet.
Maintenant que j'avais suffisamment visité la Galice, je me suis dit que ce serait bon de repartir pour Madrid. Une fois à la gare, je demande un billet pour la capitale et on m'annonce que le prochain car avec des places disponibles part à minuit et demi, misère ! Pas le choix. En fait il a commencé à pleuvoir et à tonner dans l'heure suivante, je suis donc resté à attendre environ 6 heures dans la gare.

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Curieusement, il y avait beaucoup de personnes âgées, et après un moment de glande intensive sur un banc de la gare, un ancien s'assoie a côté de moi et me demande quelque chose d'incompréhensible. Je lui demande de répéter. Encore. Encore. Mais je ne comprends toujours pas, et là, la vieille dame à ma droite me "traduit" ce qu'il a dit et entame une discussion. Elle me dit que Lugo devient dangereux à cause des gens de l'est, un classique, je lui dis que tout a l'air extrêmement tranquille en Galice et que la télévision est l'instrument du diable. Je lui raconte ensuite mon voyage lorsqu'elle me demande ce que je fais dans la région. Elle ne comprend pourquoi je fais ça ni pourquoi je n'ai pas peur. C'était assez intéressant de voir sa réaction., surtout le "pourquoi". En tout cas, la question intéressante à développer est "Comment peut-on survivre à une nuit dehors" ? Des années de self-defense sont nécessaires et une volonté de fer face au Mal de la Nuit.

L'idée, c'est qu'en dormant dans un parc, seul, le mec bizarre donc potentiellement dangereux, c'est moi.

Personnellement, je ne me pose pas de questions. J'essaie juste d'être dans un coin discret mais pas celui utilisé par les amateurs de parties de jambes en l'air en parc. C'est pas plus compliqué. On peut rencontrer des gens dangereux la nuit dans un parc. C'est juste possible, ce n’est pas pour autant que ça se passerait mal.
De la même façon que j'ai plus de chances de me retrouver avec une machette plantée entre les omoplates dans un rue à bars vers 3H du matin qu'en dormant dans un parc. En fait, c'est un peu comme prendre l'avion Lille/Marseille, tout le monde sait que c'est infiniment plus sûr que de faire le même trajet en voiture en croisant les doigts, mais tout le monde appréhende quand même.

En tout cas, mon interlocuteur avait l'air jaloux quand même et s'est donc décidé à me raconter une partie de sa vie à Londres qui devait probablement être sa plus belle expérience en terme de voyage. Je n'ai pas tout compris, encore moins les noms de villes anglaises prononcés à l'espagnol, mais c'était intéressant. Au final, la grand-mère est partie en me disant un adieu espagnol "Hasta siempre, guapo" en me donnant quelques bonnes claques un peu trop puissantes à mon avis, bon souvenir.

Après quelques voyages en car, attente en gare, etc., je constate que c'est très facile de discuter avec les personnes âgées ici, elles ont plein de choses à raconter et parle dix fois plus doucement que n'importe quelle autre personne. Je crois que j'ai rarement vu un inconnu m'adresser la parole en France, ici c'est plutôt normal visiblement. A moins que ce ne soit le sac de rando... Allez savoir...

Vers 23H, des pèlerins sont arrivés, 6 ou 7, mon âge, équipés de Tongues, idéal par temps de pluie. Je leur ai donné ma super carte orientée nord-nord-ouest pour passer le flambeau. J'ai rejoins Madrid 8H plus tard, au petit matin. En rentrant chez moi avec mes deux sacs, je croisais les fêtards qui rentraient chez eux avec leurs 2 grammes. C'est sûr, je suis de retour à la capitale.

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