jeudi 19 juillet 2012

Une cabane dans les bois

Aux alentours d’Uppsala, l’eau ne manque pas. C’est plein de lacs et de marrais. C’est superbe sur les photos types cartes postales mais ce qu’on ne vous dit pas dans les offices de tourisme, c’est que c’est bourré de moustiques. Forcement.

Donc l’avantage, une fois encore, de voyager l’hiver, c’est qu’on est peinards niveau parasites. Vous n’auriez pas pu être en t-shirt/short l’été là-bas de toutes façons ! Entre les tiques et les moustiques, c’est la zone.

Tout ça pour dire qu’il est possible de réellement profiter de la nature en hiver. Et pas besoin de s’habiller en bibendum non plus dans ce coin-là.
Les balades en forêts sont rythmées par les petits chemins de bois construits au-dessus des points d’eau. Un peu casse-gueule s’ils ont gelé mais ça a un certain caché.



L’objectif de notre ballade était de rejoindre une petite maison en bois au milieu de nulle part pour se taper un cassoulet de malade que notre hôte français à Uppsala avait en stock.

Le temps était absolument radieux et marcher nous réchauffait tellement qu’on finissait par tomber quelques couches. On était 3 au milieu de la forêt sans fin, et on ne pouvait qu’imaginer l’autoroute de randonneurs que ça devait être à la saison chaude.
Le panard !

Après 3 heures de marche de bon matin, on a fini par atteindre une clairière avec la fameuse cabane à son centre. Un coin agréable, typiquement « la vie sauvage dans le nord ». On aurait pu arriver avec nos élans fraichement chassés qu’on aurait préparés façon « ermite » dans Jeremiah Johnson. La cabane, telle que décrite par notre hôte qui la connaissait déjà, était toujours ouverte, avec un peu de matos de cuisine et 6 lits de camps dans une autre pièce. Un petit gîte en quelques sortes.

La cabane !

On a donc poussé la porte pour découvrir qu’il y avait déjà des promeneurs à l’intérieur en train de jouer aux cartes. C’était deux suédois d’un âge certain et d’un look et d’une odeur corporelle qui laissaient penser que la cabane pouvait bien être leur résidence permanente. Forcément, ça a jeté un froid malgré le poêle qui marchait à plein tube.

On a eu droit un « hej » un peu sec en guise d’accueil. Mais qu’importe, on a atteint la cabane sans se larguer et on a un cassoulet à manger !

On sort l’énorme bocal de cassoulet, et là, les 2 scandinaves commencent à nous demander dans un anglais approximatif d’où on vient, ne reconnaissant pas la langue de l’Amour.  La France, messieurs. Ils ont commencé à  nous charrier parce qu’on n’avait pas apporté de pinard. On arrive dans une cabane paumée avec un bocal de cassoulet et ils nous disent qu’on ne peut pas  être français parce qu’on n’a pas de pinard ! Sympa les potes ! Globalement, ils avaient un ton assez intimidant et notre hôte français n’arrivait pas à saisir ce qu’ils se disaient en suédois.

Suite à notre cassoulet mangé en vitesse dans une ambiance assez crispée, on est sortis de la cabane respirer un peu d’air frais avant de repartir. Là on se rend compte qu’il y a un mec derrière la cabane qui nous avait échappé. Il est là, dehors, et… il tourne. Il tourne sur lui-même. Il ne dit rien, il tourne. On se met à penser qu’il a dû tourner  depuis… longtemps, en fait.

Un de nous va derrière la cabane à l’écart du derviche pour faire de la neige jaune et revient en nous disant qu’il a vu un autre gars qui restait scotché à une espèce de statut dans la forêt. Dans la même minute, les 2 suédois sortent de la cabane pour gueuler un truc qui devait vouloir dire « à table ». A ce moment, on voit 4 personnes arriver rapidement.

Les 4 avaient clairement un truc bien à eux. Entre le derviche, son pote amateur de sculpture, et les 2 nouveaux qui avaient l’air d’avoir une palette de chromosomes plus fournie que la moyenne, je crois qu’on pouvait officiellement dire qu’on avait rencontré les 4 Fantastiques.

On est donc rentrés dans la cabane après quelques minutes pour regrouper nos affaires avant de décoller. Le repas des 4 Fantastiques et des 2 ermites a duré environ 2 minutes et juste après ça, ils sont tous allés dans la chambre du gîte sur commande des 2 vieux.

La porte s’est fermée. On a entendu des ceintures tinter en s’ouvrant et quelques bruits assez étranges de détente. Sans vouloir s’imaginer quoique ce soit, on a plié les gaules et on a repris la route.

C’était sans aucun doute le déjeuner le plus étrange de ma vie.

La Suède est un pays magnifique où les forêts sont immenses et encore sauvages et ne pas en profiter au moins une fois dans sa vie serait une erreur.

Plus tard, on a quitté Uppsala pour se rapprocher du cercle polaire.

Au plaisir.

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