Friedrich et la chocolaterie

Nous l’avons vu dans le post précédent, le Bade-Wurtemberg est la région de l’automobile, mais aussi de la technologie, on l’appelle la Silicon Valley allemande grâce à la présence d’HP et IBM.

Ce que moins de monde sait, c’est que c’est aussi là où est né Ritter Sport.

Ritter Sport est un grand fabriquant de chocolat, connu pour son chocolat vendu par paquets carrés de 100 g offrant 16 morceaux de chocolat. L’artisan Alfred Ritter et sa blonde ont lancé leur business en 1912. C’est d’ailleurs Madame qui a eu l’idée de la tablette carrée pour rentrer dans toutes les poches. Le chocolat dans la poche, je ne sais pas si c’est une bonne idée, mais c’est une idée.

En 1930, le chocolat déborde des cuves, la guerre approche donc la demande est forte (ça booste le moral des troupes). La décision est donc de construire une nouvelle usine, plus balèze que jamais, et surtout en pleine campagne, dans le village de Waldenbuch. Ça tombe bien, j’habite à 7 km de Waldenbuch. 

Ritter Sport exporte son chocolat en France, on en trouve quelques variétés en général très classiques et globalement peu intéressantes face à ce que propose la concurrence.

En revanche, dans le pays de la saucisse, le chocolat Ritter Sport change de league. Il y a pas loin de 30 saveurs différentes, on y trouve les classiques (noisettes, noir et compagnie), et des parfums plus modernes type tiramisu, yaourt, ou encore fruits et liqueur/champagne. C'est nettement meilleur et plus intéressant qu’à l’étranger, comme pour tout vous me direz... Mais là où ça devient intéressant, c’est que si vous habitez à portée de Waldenbuch, il y a un magasin (et un musée) collé à l’usine.

Dans ce magasin, on y vend toutes les saveurs possibles de la marque carrée à des prix largement inférieurs à ceux du marché. Pour les plus pauvres d’entre nous, on peut même y acheter du chocolat qui n’a pas la qualité pour être vendu en grande surface, il est souvent moins beau ou plus cassant ou alors le fourrage est mal réparti, et là, les 100 grammes tombent à 50 centimes sans être moins bons (le prix moyen en grande surface est entre 80cts et 1€). Testé et approuvé par votre serviteur. Il est enveloppé dans une espèce de papier tout con, tout blanc, qui donne un aspect prototype/soviétique assez sympa.

Le Bade-Wurtemberg, c’est trop fort. Pour vous rendre jaloux ou vous faire vomir, voici quelques photo des 2,5kg que je viens d’acheter pour 13€.

 

Des paquets de 2kg sont vendus dans des grands sacs plastiques. On peut en trouver dans la nature.

 

Le chocolat qui n'ira jamais dans le commerce en haut, en blanc. Un petit côté soviétique sympa.

La mauvaise nouvelle est qu'il est impossible de visiter l'usine elle-même... Heureusement qu'on a du chocolat pour se remonter le moral.

Au plaisir.

Les gorilles du Bade-Wurtemberg

Dans la vie c’est « plus que tu gagnes, plus que tu gagnes ». Rien à voir avec le capitalisme, c’est tout simplement une règle naturelle.

Prenons un exemple simple mais juste : les gorilles « Alpha » n’ont pas obtenu leur dos argenté en se tournant les pouces. S’ils sont plus vieux et donc plus argentés que les autres, c’est tout simplement parce qu’ils ont buté tous leurs concurrents, quel que soit leur âge.
Les femelles, attirées par l’odeur du sang et par ce tohu-bohu, finissent toujours par s'approcher du tas de cadavres pour découvrir l’unique mâle restant, le mâle Alpha (et Omega pour le coup). Elles tombent alors naturellement amoureuses de notre prince charmant qui peut donc entamer une période de reproduction non-interrompue afin de créer une nouvelle génération de crazy motherfuckers.

Ça en fait rêver plus d'un parmi vous mais restez concentrés. Cette simple observation de notre cher cousin nous permet ainsi de mieux comprendre 2 points importants de notre société :

• Tuer les enfants de ses concurrents conduit à la réussite.
• Les femmes préfèrent les hommes argentés.

Simple logic, les enfants, simple logic…

Et bien le Bade-Wurtemberg, c’est exactement la même chose.
C’est une région qui a toujours eu le vent en poupe économiquement, scientifiquement, écologiquement et maintenant politiquement. C'est le land le plus prospère du pays. Ils n'en ont rien à taper. Rien ne les atteint, comme les gorilles argentés.

C’est aussi un des états les plus paradoxaux ; Stuttgart, la capitale, est connue pour être le berceau de l’automobile (on y trouve le QG de Mercedes et Porsche, deux producteurs d’automobiles locaux) alors que le reste de la région est surtout connu pour ses vins, sa Forêt Noire et son lac de Constance.

Associer automobile et écologie, est-ce possible ? Le Bade-Wurtemberg dit "oui". Le 28 mars 2011, les Allemands de cette région de bourges ont majoritairement voté pour la coalition SPD (socio-démocrates)-Verts. C'est historique, l'écologie arrive enfin à accéder au carré VIP politique.

Au niveau du citoyen, surtout dans les petites villes de la région, il est très fréquent de voir le pan sud des toits couvert de panneaux solaires. Le coin étant bien sûr très vert, beaucoup de locaux se déplacent à vélo. À la différence de la France, les pistes cyclables sont continues et, cerise sur le melon : elles sont parfaitement balisées. Pas besoin de carte, il suffit de suivre les panneaux qui empruntent toujours des rues secondaires ou des pistes.

Chers compatriotes Français, n'ayez crainte, la France aura le même réseau de pistes dans 25 ans. Le futur n'a jamais été aussi proche.

Au plaisir.

Bienvenue en Allemagne

En Europe, il y a des pays qui ont une image globalement inintéressante, c’est le cas de la Roumanie, mais ils l’ont bien cherché, ou encore de nos voisins teutoniques. Un pays qui a une réputation plutôt naze, souvent soutenue par l’image que nous avons de sa culture culinaire : la choucroute, les patates bouillies, la viande bouillie,le thé bouilli, les pâtes bouillies…

Pourtant tout ça a bien changé, en plus d’être le seul pays à faire des pieds de nez aux crises économiques, l’Allemagne peut se vanter d’avoir un territoire varié, une volée de dialectes funky (nous y reviendrons), des villes globalement propres (mais moches), des voitures qui ont plus de gueule que les Renault, des politiciens qui font de la politique, et des Biergarten.

Les Biergarten font partie des choses à voir en Allemagne. Littéralement, les jardins à bière, c’est tout simplement de grandes baraques à frite/salades/trucs gras avec de nombreuses tables très longues au milieu d’un parc où les gens s’assoient à côté d’inconnus, tous armés de Mass.

Les Mass font partie des choses à essayer en Allemagne. Il s’agit tout simplement d’un verre d’un litre (de bière). C’est très pratique, ça évite de refaire la queue régulièrement pour aller en reprendre un verre, et on peut généralement y mettre une bonne partie de son visage.

Niveau bouffe, les Biergarten proposent des assiettes de viandes grillées, de patates sautées/croquettes ou des salades. La taille d’une assiette peut nourrir 2 à 3 personnes normalement constituées, mais ici, au pays de la saucisse et de la bière, c’est pour 1 personne. Ici on ne déconne pas avec la bouffe, c’est riche, c’est en quantité, c’est une vraie orgie romaine sans vin ni nichons, c’est les Biergarten.

On les retrouve aussi en Autriche et en Hongrie et on attend leur arrivée en France.

Ouvrir une section germanique en commençant par les Biergarten devrait être sanctionné. C’est une intro de piètre qualité, mais je vous invite à repasser pour les prochains billets qui causeront des thèmes suivants :

• Martine en vélo dans le Baden-Württemberg, la première région d’Europe où les écolos sont au pouvoir.
• Les dialectes dans la fédération de Merkel, ou comment renvoyer le film Bienvenue chez les Ch’tits au rang de caricature à faible intérêt (comment ça, c’est déjà le cas ?).
• Le pain Allemand, comment faire manger de la soude caustique à 81 millions d’habitants.
• Friedrich et la chocolaterie ou la visite d’une usine de chocolat Ritter Sport.

Il va y avoir du factuel pour que vous puissiez vous la péter en soirée devant vos amis.

Au plaisir